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   Saint Benoît Labre
  Le pèlerin gyrovague

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« Il faut renoncer à être heureux pour entrer au paradis ».

Christian Bobin, « Prisonnier au berceau ».

 

Saint Benoît Labre est l’archétype du pèlerin gyrovague, un moine itinérant et solitaire passant de monastère en monastère.

 

De fait il cumule les difficultés et les méfiances.

 

Il naît et grandit au beau milieu du siècle des Lumières, mouvement philosophique, culturel et littéraire qui prône le rationalisme, le bonheur, la liberté contre l’obscurantisme et les superstitions.

 

Dès les débuts du gyrovaguisme au 4ième siècle, ces moines errant suscitent la méfiance en étant soupçonnés de vivre au crochet de l’église.

 

Très vite divers conciles condamneront cette pratique : le Concile de Nîmes en 396, le Concile de Chalcédoine en 451, le Concile de Nicée en 787.

 

Saint Benoît, très influent au VIème siècle, inscrira même dans sa règle monastique la promesse pour les Bénédictins de stabilité de leur communauté religieuse.

 

C’est pourquoi le gyrovaguisme permanent de Saint Benoît Labre, suscite le plus souvent la méfiance de l’église.

 

Pour l’Eglise Catholique, la vie monastique se concrétise par le cénobitisme, la vie en communauté.

Même les anachorètes, ermites qui font le choix d’une vie spirituelle dans la solitude, devaient faire vœux de stabilité dans leur retraite.

 

Saint Benoît Labre est instable, il ne peut s’ancrer nulle part. Soit il part de lui-même, soit il est incité à chercher ailleurs sa voix.

 

Il est difficile à cerner, il n’entre dans aucune catégorie officielle, reconnue, ce qui fera de lui, de son vivant, un paria, un réprouvé, un déshérité.

 

Saint Benoît Labre n’en a que faire. Il fait de son errance son viatique.

Il sème sans se préoccuper du qu’en-dira-t-on.

 

Aujourd’hui dans un monde régenté, règlementé, segmenté et balisé par les contraintes de la vie en communauté, de la vie familiale, du travail, le message de Saint Benoît Labre peut être une ouverture vers plus de spontanéité, de libre-arbitre, de lâcher-prise.

Oser aller vers l’inconnu, ne pas toujours tout planifier. Sortir de son cocon rassurant, sécurisé, pour aller à la rencontre de l’autre, de l’inconnu que l’on croise sur le chemin.

Se laisser surprendre par la quiétude du quotidien.

 

Suivre le Chemin de la Bohème, le Chemin de Saint Benoît Labre, c’est partir vers de nouvelles rencontres, avec d’autres pèlerins et avec soi-même.

Prendre le temps de la réflexion, de la médiation, de la prière.

 

A chaque pèlerin et pèlerine d’inventer son Chemin, de découvrir la plus belle façon d’avancer.

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Se laisser auréoler et pénétrer par l’espérance.

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La vie est belle par la multitude de ses paysages et de ses rencontres.

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L’espoir se cache dans l’insignifiant, l’ordinaire.

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Prendre le temps de le susciter, le découvrir et le magnifier ; même quand « Parfois on sent que les nuages ne croient plus en Dieu » (Christian Bobin, « Noireclaire »).

 

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